Au sous-marin Minerve

 

C’est un lieu de repos, un champ de plénitude,

Un tréfonds nonchalant, que le temps a figé,

Une alcôve de paix, un point de finitude,

Où l’espace informel est resté inviolé.

 

Pourtant entre deux eaux, dans ce courant placide,

Dans le long vague à l’âme d’un silence profond,

Git dans tout le fatras d’un cylindre livide,

Cinquante-deux marins, occis à l’unisson.

 

Perdu dans ce tombeau, bien des années plus tard,

Les hommes et le progrès, enfin à leur merci,

Honorent ses enfants et leur fier étendard,

Qui de male fortune avait ainsi péri.

 

Sur la tôle minée que l’abîme préserve,

L’on  peut encore lire, en lettres tourmentées,

Le tracé singulier, partiel, du Minerve,

Que le noble océan n’a jamais effacé.

 

Sur le kiosque, un éclat, ressuscite son nom,

Dans le bleu et le blanc, qu’un rai rouge habille,

L’ombre des matelots, s’agite sur le pont,

Semblant dans un salut, sourire à leur famille.