Le poète est un malade chronique incurable, son mal est un excès de rêves qui s'enivre d'amour.

Jean-François Zapata

Miel d’Amour

 

L’amour a la couleur du miel,

Son goût délicieux te chérit,

Il a le bleu de tous les ciels,

Quand d’un regard tu me souris.

 

Il a le velours du matin,

Dans les reflets de ta beauté,

Son haleine va comme un parfum,

A fleur de peau comme un baiser.

 

Et dans mon cœur en connivence,

Tes sentiments, tels des fleurs,

S’offrent aimantes à outrance,

Et me recouvrent de bonheur.

 

LE VENT

 

Le vent n’a pas changé, son cours a ta quiétude,

Il pourrait t’enlacer, tant son souffle ravit,

Quand tu viens m’embrasser, il en est le prélude,

Et va dans ton baiser, inonder mon esprit.

 

Il sait dans un nuage, épanouir tes courbes,

Esquisser en ton corps, ta beauté mise à nue,

J’ai beau les ignorer, et parfois être fourbe,

Mon amour t’appartient, et compose ta nue.

 

Il a du sentiment, la douceur et l’ivresse,

Et sait nous réunir dans un simple frisson.

Ce vent de souvenir, est toutes nos caresses,

Où s’envolent nos cœurs dans un grand tourbillon.

YOUKI

 

Youki, un chien mourant, suivait son maître cher,

Triste assurément la marche obligée,

L’homme songeait devant, la tête affligée,

Youki humait le sol aux formes familières.

 

Les rayons printaniers balayant ses grands yeux

Ne gênaient plus le blanc de ses pupilles mortes,

Il suivait son ami de son odeur forte,

L’homme qui sanglotait demeurait silencieux.

 

Et le chemin bien long, si simple d’habitude,

Pareil au souvenir qui ne peut s’effacer,

Traînait dans la douleur de ce vieux chien usé,

Telle une ombre furtive rivée à sa quiétude.

 

Enfin l’homme stoppa, le prenant au collier,

Le bon chien reconnu chez le vétérinaire,

La porte d’acajou et la grille de fer,

Et l’être si patient qui l’avait tant soigné.

 

Et les deux hommes graves, voyant son mal pire,

Le timbre de leurs voix dissonant et cassé,

Dans l’ultime recours de leurs extrémités,

Engourdirent la bête pour un dernier soupir.

 

Le voilà endormi, le vieux chien comme un frère,

À côté de son maître qui l’avait embrassé,

Ses pattes dans ses mains tendrement inondées,

De larmes si cruelles pendantes et amères.

 

Et l’homme déchiré devant son compagnon,

Sans vie, pour éviter un plus affreux calvaire,

Mordant dans son mouchoir sans égard sa chair,

Pleurait son vieil ami, en évoquant son nom.

ESPOIR

 

Comme une main tendue, effleurant des chimères,

Volant à la lumière, un rayon de salut,

Comme si, en prodige, un songe éphémère  

Faisait pousser des roses au bout de doigts contus.

 

Comme une voix soumise, muselée dans son être,

Jouant la mélodie d’un silence profond,

Comme si, bâillonné, impuissant à émettre,

Un timbre s’animait de multiples violons.

 

Comme des yeux rougis, à la misère du monde,

À la vision des leurres de tous nos devenirs,

Comme si, de ces larmes, aux abysses de l’onde,

Émergeait le printemps d’un parfait avenir.

 

Comme un cœur écrasé, au pilori du temps,

Courbant son front vaincu, aux tempêtes assassines,

Comme si, en phénix, le pur sentiment,

Pouvait à l’infini, arracher nos épines.

 

Espoir oh ! Folie, accrochée à mes rêves,

Amant de mes désirs, déesse de mes envies,

Oh ! Combien d’illusions utopiques et brèves

Ont fondu au mirage de tes allégories.

 

Pourtant comme un dévot, agitant ses prières,

Comme un drogué accro, hagard et désoeuvré,

Je vis dans ton opium, aux lueurs de verre,

Perdu dans l’égérie de ma naïveté.

 

Je caresse l’espoir du bout de mes doigts frêles,

Où éclore des roses comme des nouveau-nés,

Mains tendues dans l’éclat violacé de ce ciel,

Si prompt aux miracles et aux contes de fées.

Sais-tu

 

Sais-tu, Ami dont la couleur

A la peau noire, sans façon,

Fait le régal des moqueurs,

Et des racistes à foison ?

 

Toi, exposé au plus hostile,

Loin du Pays où sont les tiens,

Courbant au joug de ton exile,

Et dont le cœur n’attend rien ?

 

Et toi, dont la foi judaïque,

Persécutée, mal à propos,

Fait un enfer à ta logique,

Et met ta vie dans un ghetto ?

 

Tous comme vous, il est des Frères

Dépossédés au quotidien

De leurs cultures, ou de leurs terres,

Ils ne sont plus, ils sont Indiens.

 

De tous les lieux, et au Chiapas,

Ces innocents écartelés,

N’ont plus écho, n’ont plus de place,

Et même dieu les a reniés.

Longtemps, longtemps,

 

Dans la douceur de tes formes,

Que mon cœur boit du bout des yeux,

Je m’abandonne, aériforme,

Dans ton amour, je suis heureux.

 

Mon moi caresse tes rondeurs,                               

Dans le feutré de mon élan, 

Mes mains effleurent tes faveurs,

Et tous mes sens sont tes amants.     

 

Dans le velours de tes lèvres,

Que ma passion a pour écrin,

Mes baisers volent dans tes rêves,

Au merveilleux de tes confins.

 

Puis au sommet de mon office,

Au diapason du sentiment,

Je prie les Dieux que tes délices,

Brûlent ma flamme, longtemps, longtemps.

 

Le classique et l’abstrait

 

Vous n’aimez pas le trait, l’esprit de ma peinture,

Vous me trouvez vieillot, flétri et désuet,

Le sujet de mes toiles, retient votre censure,

Et seuls vos tableaux, sont sensés et parfaits.

 

Vous alignez vos œuvres, où tout est devinette,

A les voir accrochées, nous devinons le haut,

Pour trouver un dessin, il faut être prophète,

Même si très souvent, cela peut être beau.

 

Mais moi je peins la mer, ma seule suffisance,

Et oui c’est bien la mer, ce n’est pas un remous,

Elle vient de mon cœur, tout au fond de mes sens,

Vous pouvez la sentir dans mes croûtes à deux sous.

 

Je me souviens,

 

Parents, je me souviens, de volonté sans cesse,

Enfant de la tristesse, fils souvenir,

De ces temps affectueux où brillait ma jeunesse,

A l’ombre de vos cœurs, que je n’ai su saisir.

 

A pauvre mon père, et pauvre ma bien chère,

Petite mère aimée, à jamais disparus,

Combien de sentiments et combien de prières,

Ont brûlé mes yeux rouges, de vous avoir perdus.

 

Pétri de souvenances et de remords amers,

N’ayant pas su vous dire combien je vous aimais,

Je vais me rappelant votre voix familière,

Rongé de cet oubli comme un triste méfait.

 

Ainsi je me souviens, indifférent hier,

De l’amour filial, ignoré indûment,

Le poids et la valeur d’un père et d’une mère,

Au profond de mon cœur, et pleure mes Parents.

A ma petite chienne,

 

Mon if fièrement, étale sa ramure,

A la forme de cœur ou de pic insolent,

Il prône dans le dessin, d’une verte pâture,

Qui en toute saison se fait enchantement. 

 

Ne l’ayant vu planter, je ne sais point son âge,

Le mien est conséquent, je dirais avancé,

Mais au fait des années, il en a davantage,

Un siècle, il est vrai, me paraît plus sensé.

 

On le disait sacré, jadis, de mémoire,

Il entourait, chapelle, et hauts lieux vénérés.

Préservait, semble-t-il, de la peste notoire

Et au noir de la nuit, des Méphistophélès.

 

J’ai mis à reposer, à ses pieds, dans la terre,

Le corps de ma chienne, qui vient de me quitter,

Une boule de poiles attachante et très chère,

Que mon if saura en ce lieu protéger.

Symphonie d’eau

 

C’était une nuit d’été, et j’écoutais Berlioz,

Devant moi l’Océan, s’étalait de langueur,

Suivant la symphonie, ses vagues en osmoses,

Glissaient dans un ballet voluptueux et majeur.

 

Des notes égrainaient la mélodie dans l’onde,

Et remontaient des sons à l’écho opportun,

Une plainte en mesure intense et profonde,

Murmurait dans les eaux, des accords lointains.

 

Soudain une portée, s’élançant de ses cuivres,

Ébranlant ses tambours, imprégnés de tempo,

Déclamait dans l’écume, un morceau qui enivre,

Soulevant dans la Mer des montagnes de flots.

 

Puis en douce harmonie, dans le flux qui s’apaise,

Aspirant tout de l’âme et du rêve soumis.

Dans la paix des violons où le rythme s’allège,

J’oubliais tous mes sens, pour un hymne concis.